Béton est
un terme générique qui désigne un matériau de construction composite
fabriqué à partir de granulats (sable, graves) agglomérés par un liant.
Le
liant peut être « hydraulique » (car il fait prise par hydratation ; ce
liant est couramment appelé ciment) ; on obtient dans ce cas un béton
de ciment. On peut aussi utiliser un liant hydrocarboné (bitume), ce qui conduit à la fabrication du béton bitumineux. Le coulis est
un mélange très fluide de ciment et d'eau. Enfin, lorsque les granulats
utilisés avec le liant hydraulique se réduisent à des sables, on parle
alors de mortier.
Connu depuis le XIXe siècle, le béton de ciment est, à l'heure actuelle, le matériau de construction le plus utilisé.
La réaction chimique qui permet au béton de ciment de faire prise est
lente : à peine 50% de la résistance mécanique finale au bout de 7
jours. La valeur prise comme référence dans les calculs de résistance
est celle obtenue à 28 jours (80% de la résistance finale). Il est
possible de modifier (accélérer ou, au contraire, retarder) la vitesse
de prise en incorporant au béton frais des adjuvants (additifs) ou en
utilisant un ciment prompt (ciment Vicat). Il existe d'autres types
d'adjuvants qui permettent de modifier certaines propriétés
physico-chimiques des bétons. On peut, par exemple, augmenter la
fluidité du béton pour faciliter sa mise en œuvre en utilisant des plastifiants, le rendre hydrofuge (adjonction d'un liquide hydrofuge ou d'une résine polymère) ou maîtriser la quantité d'air incluse (entraineur d'air).
- 1 Le matériau béton
- 1.1 Formulation d'un béton
- 2 Types particuliers de bétons
- 2.1 Béton aggloméré
- 2.2 Béton armé
- 2.2.1 Béton pré-contraint
- 2.2.2 Autres techniques de renforcement
- 2.3 Béton bitumineux
- 3 L’acheminement du béton
- 4 La mise en œuvre du béton
- 5 Aspect et usages
- 6 Voir aussi
- 7 Lien externe
Le matériau béton
Si
un béton classique est constitué d'éléments de granulométrie
décroissante, en commençant par les granulats, le spectre
granulométrique se poursuit avec la poudre de ciment puis parfois avec
un matériau de granulométrie encore plus fine comme une fumée de silice
(récupérée au niveau des filtres electrostatiques dans l'industrie de
l'acier). L'obtention d'un spectre granulométrique continu et étendu
vers les faibles granulométries permet d'améliorer la compacité, donc
les performances mécaniques.
L'eau
a un double rôle d'hydratation de la poudre de ciment et de
facilitateur de la mise en œuvre (ouvrabilité). En l'absence d'adjuvant
plastifiant, la quantité d'eau est déterminée par la condition de mise
en œuvre. Un béton contient donc une part important d'eau libre, ce qui
conduit à une utilisation non optimale de la poudre de ciment. En
ajoutant un plastifiant (appelé aussi réducteur d'eau), la quantité d'eau utilisée décroît et les performances mécaniques du matériau sont améliorées (BHP : béton hautes performances
Les résistances mécaniques en compressions obtenues classiquement sont de l'ordre de:
- bétonnage sur chantier : 25 à 35 MPa
- bétonnage soigné en usine (préfabrication): 40 à 60 MPa
- béton Hautes Performances : jusqu'à 200 MPa
- en laboratoire : 500 MPa
Formulation d'un béton
Le
choix des proportions de chacun des constituants d'un béton afin
d'obtenir les propriétés mécaniques et de mise en œuvre souhaitées
s'appelle la formulation. Plusieurs méthodes de formulations existent,
dont notamment :
- la méthode Baron
- la méthode Bolomey
- la méthode de Féret
- la méthode de Faury
- la méthode Dreux-Gorisse
Types particuliers de bétons
L'église
Sainte Marguerite au Vésinet réalisée en 1855 par l'architecte L.A.
Boileau suivant le procédé Coignet de construction de béton aggloméré
imitant la pierre, fut le premier bâtiment non industriel réalisé en béton en France.
Cette église fut très critiquée lors de sa réalisation en raison de sa
morphologie mais aussi du procédé Coignet qui a provoqué très rapidement
des marbrures noires sur les murs (en raison de présence de mâchefer
dans le béton).
Le
béton armé a été inventé par Joseph Monier qui en a déposé les brevets
dès 1870. On se reportera pour plus de précision au livre "Joseph Monier
et la naissance du ciment armé" paru aux éditions du Linteau (Paris,
2001).
De
façon intrinsèque, le béton de ciment présente une excellente
résistance à la compression. En revanche, il a une faible résistance à
la traction donc à la flexion. Aussi est-il nécessaire, lorsqu'un
ouvrage en béton est prévu pour subir des sollicitations en traction ou
en flexion (comme par exemple un plancher, un pont, une poutre...), d'y
incorporer des armatures en acier destinées à s'opposer et à reprendre
les contraintes de traction qui pourraient mettre en péril la pérennité
de l'ouvrage. Les armatures mises en œuvre peuvent être soit en acier doux soit en acier haute-adhérence (aciers HATOR). On parle alors de béton armé, matériau composite mis au point par François Hennebique en 1886. anciennement dénomés
Béton pré-contraint
Parfois,
les sollicitations prévisibles sont telles que l'élasticité propre de
l'acier ne suffit pas à assurer la sécurité de l'ouvrage. Aussi, a-t-on
recours à des techniques spécifiques d'armature conduisant au béton pré-contraint.
Il s'agit de techniques inventées par Eugène Freyssinet en 1928, qui
consistent à tendre (comme des ressorts) les aciers constituant les
armatures du béton, et donc à comprimer, au repos, ce dernier. Ainsi,
lorsque la structure est sollicitée, ces armatures s'allongent et le
béton a tendance à se décompresser sans toutefois parvenir à se mettre en traction, puisqu'il était déjà en partie comprimé.
Selon
que cette tension appliquée aux armatures est effectuée avant la prise
complète du béton ou postérieurement à celle-ci, on distingue la précontrainte par pré-tension et la précontrainte par post-tension.
- Dans la pré-tension (le plus souvent utilisée en bâtiment),les armatures sont mises en tension avant la prise du béton. Elles sont ensuite relâchées, mettant ainsi le béton en compression par simple effet d'adhérence. Cette technique ne permet pas d'atteindre des valeurs de précontrainte aussi élevées qu'en post-tension.
- La post-tension consiste à disposer les câbles de précontrainte dans des gaines incorporées au béton. Après la prise du béton, les câbles sont tendus au moyen de vérins de manière à comprimer l'ouvrage au repos. Cette technique, relativement complexe, est généralement réservée aux grands ouvrages (ponts) puisqu'elle nécessite la mise en œuvre d'encombrantes « pièces d'about » (dispositifs mis en place de part et d'autre de l'ouvrage et permettant la mise en tension des câbles).
Autres techniques de renforcement
On
peut améliorer la résistance mécanique (post-fissuration) du béton en y
incorporant des fibres métalliques (dosages traditionnels de l'ordre de
20 à 60 kg/m³). L'incorporation de celles-ci dans le béton rend ce
dernier davantage ductile (moins fragile). Différents types de fibre
métallique peuvent être utilisés avec des propriétés spécifiques. C'est
surtout le rapport entre la longueur et le diamètre des fibres
(élancement) qui aura une influence sur les performances finales du
béton fibré. Les fibres synthétiques ne garantissent quant à elles
qu'une amélioration des performances au jeune âge du béton (limitation
du retrait plastique). On obtient ainsi un « béton fibré », souvent mis
en œuvre par projection (tunnels) ou couramment utilisé pour les
dallages industriels par exemple. Une autre option est dite de « poudre
réactive » à structure fractale : les grains qui le composent ont tous
la même taille, et accessoirement la propriété de présenter la même
forme à différentes échelles (fractale). L'organisation optimale des
granulats au sein du béton lui octroie de meilleures propriétés
mécaniques. Il s'agit toutefois d'une technique toujours au stade
expérimental
Béton bitumineux
Le béton bitumineux (aussi appelé enrobé bitumineux) utilise le bitume comme liant. Il constitue généralement la couche supérieure des chaussées (couche de roulement).
Il est mis en œuvre à chaud (150° C environ) à l'aide de machines
appelées « finisseurs » qui permettent de le répandre en couches
d'épaisseur désirée. L'effet de « prise » apparaît dès le
refroidissement, aussi est-il nécessaire de compacter le béton
bitumineux avant refroidissement en le soumettant au passage répété des
« rouleaux compacteurs ». Contrairement au béton de ciment, il est
utilisable presque immédiatement après sa mise en œuvre.
Le bitume étant un dérivé pétrolier, le béton bitumineux est sensible aux hydrocarburesgoudron. Le tarmacadam des aérodromes est l'appellation commerciale d'un tel béton de goudron (rien
à voir avec le macadam, dépourvu de liant). perdus par les automobiles.
Dans les lieux exposés (stations services) on remplace le bitume par du
L’acheminement du béton
Le
mode, la durée et les conditions de l’acheminement du béton sont des
éléments déterminant dans sa formulation. Ils ont chacun une influence
particulière sur sa manœuvrabilité et sa qualité.
Le
béton se transporte soit par des moyens manuels (sceau, brouette..),
soit, pour de grandes quantités, par des moyens mécaniques. Dans ce cas,
il est généralement transporté depuis la centrale à béton par camions
« toupies » (capacité 7 ou 15 m³).
Une
fois sur le chantier, il est transvasé soit dans des bennes à béton
(750 litres à 1.5 m³) qui sont levées à la grue (engin) pour être
ensuite vidées dans le coffrage, soit dans une pompe à béton qui est
accouplée à un mât de distribution du béton.
Certaines
toupies sont aussi équipées d’un tapis roulant (d’une dizaine de
mètres) permettant dans certains cas de se passer du moyen de levage.
Le
démarrage du temps de prise du béton se fait à partir de son malaxage.
Le transport entame donc ce temps et doit être le plus rapide possible
pour préserver un maximum de manœuvrabilité du béton pendant sa mise en
place.
La
température lors du transport est aussi importante. La rapidité de
prise du béton est fortement influencée par la température ambiante. Par
très grosses chaleurs, l’utilisation d’eau froide peut être faite lors
du malaxage et d’eau chaude par temps froid.
La mise en œuvre du béton
Le
béton est coulé dans un coffrage (moule à béton). Pendant son malaxage,
son transport et sa mise en œuvre, le béton est brassé et de l’air
reste emprisonné en lui. Il faut donc enfoncer des pointes vibrantes
dans le béton pour faire remonter ces bulles d’air en surface. La
vibration a aussi pour effet de répartir plus facilement le béton dans
le coffrage et de diffuser ses agrégats.
Le
béton est coulé par couches d’environ 30cm pour la simple raison qu’un
vibreur courant fait 30cm de haut. Lorsque l’on enfonce un vibreur dans
le béton, il faut atteindre la couche inférieure pour la marier avec la
dernière couche.
La
cure du béton est importante au début de sa prise. Elle consiste à
maintenir le béton dans un environnement propice à sa prise. Il faut
éviter toute évaporation de l’eau contenue dans le béton (par temps
chaud et/ou venteux), ce qui empêcherait la réaction chimique de prise
de se faire et mettrait donc en cause la résistance du béton. Il faut
aussi éviter les chocs thermiques. La réaction exothermique du béton,
éventuellement ajoutée à une forte chaleur ambiante fait que le béton
pourrait « s’auto-cuire ». À l’inverse il faut protéger le béton du
froid ambiant pour que la réaction chimique du béton s’amorce et qu’elle
s’entretienne pendant un laps de temps minimum (jusqu’à 48h pour les
bétons à prise lente). Dans le cas de grands froids, les coffrages sont
isolés (laine de verre ou tentes chauffées) et doivent rester en place
jusqu’à ce que le béton ait fait sa prise.
Le
béton peut être teinté dans la masse en y incorporant des pigments
naturels ou des oxydes métalliques. Il peut aussi être traité à l'aide
d'adjuvants pour être rendu hydrofuge (il devient alors étanche,
empêchant les remontées capillaires). Son parement pouvant être lissé ou
travaillé, le béton de ciment est parfois laissé apparent (brut de décoffrage) pour son esprit minimaliste, brut et moderne.
Le
béton utilisé en revêtement de grandes surfaces (esplanades, places
publiques...) est souvent désactivé : on procède en pulvérisant, à la
surface du béton fraîchement posé, un produit désactivant qui neutralise
sa prise. Un rinçage à haute pression permet alors, après élimination
de la laitance, de faire apparaître, en surface, les divers gravillons
constitutifs.
Moulé ou banché (c'est-à-dire
coulé dans une banche : un moule démontable mis en place sur le
chantier et démonté après la prise), le béton peut prendre toutes les
formes. Cette technique a permis aux architectes de construire des
bâtiments avec des formes courbes.
En technique routière, le béton extrudé,
mis en œuvre à l'aide de coffrages glissants, permet de réaliser des
murets de sécurité, des bordurages et des dispositifs de retenue sur des
linéaires importants.